Pour une approche plus environnementale de la paix au Liptako Gourma
La longue période de conflit violent que connaît la région frontalière du Liptako Gourma résulte de nombreuses crises politiques, économiques, environnementales et de gouvernance sécuritaire. Depuis 2015, la violence s’est propagée du nord du Mali au Burkina Faso et au Niger et, plus récemment, aux pays côtiers qui ont des liens avec le sud du Sahel.
Des années de défrichement et de pratiques agricoles non durables ont conduit à une désertification généralisée dans toute la région du Liptako Gourma, qui est également très vulnérable et exposée au changement climatique, avec des températures augmentant jusqu’à 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale.
Malgré la dimension environnementale de ces crises interdépendantes, la réponse des gouvernements nationaux et de la communauté internationale à cette violence ont souvent pris la forme d’approches militarisées de lutte contre le terrorisme. C’est-à-dire, un déni total du fait que l’insécurité profondément enracinée dans la région est le résultat d’une mauvaise gouvernance, d’une variabilité climatique, de pressions démographiques et d’une concurrence pour les ressources naturelles.
L’approche environnementale de la paix cherche à obtenir une réconciliation plus efficace en s’attaquant à ces causes profondes, à savoir les principaux facteurs de conflit liés au climat, à l’environnement et aux ressources naturelles. Elle les utilise comme points d’entrée pour encourager la résolution des conflits, instaurer une paix plus durable, et créer des mécanismes de collaboration future.
Ce rapport est le résultat de la première phase du projet “Environmental Peacemaking in Liptako Gourma“, mis en œuvre conjointement par l’Institut européen de la paix (EIP) et TrustWorks Global (TWG), avec le soutien de la Direction de la défense du Grand-Duché de Luxembourg.
Ce rapport de cartographie développe les causes environnementales des conflits dans la région du Liptako Gourma, décrit les initiatives qui intègrent l’environnement et le rétablissement de la paix, et discute des accords locaux de paix et d’environnement. Le rapport s’appuie sur des consultations menées à Bamako, Ouagadougou et Niamey entre mars et juin 2022, sur une analyse documentaire, et sur deux ateliers régionaux organisés à Niamey en décembre 2022 et en mai 2023. Les conclusions du rapport suggèrent la nécessité de compléter les initiatives existantes par des outils de médiation et une expertise en matière de gouvernance de l’environnement et des ressources naturelles. L’adaptation au climat, la protection de l’environnement, le partage équitable, et la gestion durable des terres et des autres ressources naturelles sont des conditions essentielles pour une paix durable. Il faut faire davantage pour impliquer des acteurs nouveaux et puissants de manière à soutenir les solutions locales, à contribuer à l’identification des dividendes de la paix, et à concevoir des investissements qui peuvent mettre en œuvre des accords durables.